Voile

Joyon amorce sa remontée de l’Indien

Des frasques d’un anticyclone… »C’est vrai que je ne savais plus si je me rendais à l’île Maurice ou aux Kerguelen ! » plaisantait malgré un contexte des plus âpre Francis Joyon ce matin. Le skipper d’IDEC naviguait en effet avec au dessus de la tête une drôle d’épée de Damoclès, préfigurée par une dépression très active qui menaçait de le rattraper et qui, en plus de bousculer son voilier dans des vents à plus de 40 noeuds, risquait surtout de lever une mer infernale qui l’aurait contraint à ralentir drastiquement l’allure du Géant. Francis a donc prolonger cap au Sud Est un infernal bord de près, dans le froid, l’humidité, et le stress qu’engendrent pour tout marin les successions sans fin d’embardées et de chocs brutaux contre les vagues. Mais dans ce panorama guère incitateur à l’euphorie, force est pourtant de discerner moult motifs de satisfaction ; la vitesse d’abord, qui, malgré les conditions très dures d’une mer qui lève et précipite le bateau dans des creux énormes, est demeurée élevée, 20 noeuds et plus, et ce avec une belle constance au point que l’on s’interroge (c’est une constante avec Francis), quand le diable d’homme réussit-il à prendre le moindre repos. Une vitesse élevée qui si elle ne rapproche guère IDEC de sa marque finale, permet néanmoins à Joyon d’envisager une approche dès demain matin du coeur de l’anticyclone, et du point favorable à un virement de bord. Cette zone de haute pression qui joue depuis trois jours avec les nerfs et les ressources physiques du marin de Locmariaquer, aura-t’elle d’ici là modifié sa course, et ouvert un passage vers des latitudes plus nord, et plus propice à mettre enfin cap vers l’île Maurice ? C’est tout l’enjeu de la journée qui s’avance. Une journée qui, à l’instar de ses précédentes, sera employée par Francis à serrer toujours et encore un vent de secteur Nord Est qui prend de plus en plus de Nord, et qui favorise ainsi « l’arrondissement » de la grande course du trimaran rouge autour du continent africain.Dans le froid et l’humidité, Joyon avoue entre deux mots commencer à ressentir les effets de 20 jours de navigation disputés en mode record, c’est à dire, et si l’on décrypte correctement notre Joyon dans le texte, avec un minimum de repos, une suractivité sur le pont, et une alimentation « volée » au hasard des barres nutritives tombées sous ses mains. « J’essaie de dormir quelques minutes ici et là » raconte t’il, « l’écoute à la main, et la barre à portée, mais le bateau tape si durement, qu’il est quasiment impossible de dormir. » Portant la toile du temps, deux ris dans la grand voile et petit ORC à l’avant, Francis sait son IDEC rapide dans les 28 noeuds qui soufflent actuellement sur zone. « Mais il me faut réduire dès qu’IDEC tape trop, car les efforts structurels sont colossaux… » et de louer la qualité de la construction de son trimaran effectué par les ouvriers du chantier Marsaudon à Lorient, sous la férule de Christophe Houdet, son bras droit « historique ». S’il pense bien sûr à l’arrivée, il ne l’envisage pas avant, et compte tenu des éléments d’analyse dont il dispose à ce jour, le mercredi 11 novembre. Il espère d’ici là retrouver au large de l’Afrique, quelques belles heures de glisse au portant, et sous un soleil retrouvé.

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