Voile

IDEC SPORT S’EMPARE DU CHRONO DE L’INDIEN

L’équipage de Francis Joyon a franchi la longitude du cap Leeuwin à 23h40 hier soir, après 18 jours, 20 heures et 41 minutes de mer depuis le départ de Ouessant. IDEC SPORT devient le premier voilier de l’histoire à avaler le tronçon cap des Aiguilles-cap Leeuwin en moins de six jours.

Cinq jours onze heures vingt-trois minutes. C’est le temps qui aura suffi à IDEC SPORT pour rallier l’Afrique du Sud à l’Australie. Grâce à leur trajectoire très sud et très tendue, Francis Joyon et ses cinq hommes d’équipage deviennent les marins les plus rapides de l’histoire sur la traversée de l’océan Indien. Les seuls à passer sous la barre des six jours. Sur ce même tronçon, Banque Populaire V, tenant du Trophée Jules Verne, avait mis six jours et huit minutes. Voilà une bonne chose de faite.

Presque 3 jours de mieux que Groupama

First aerial images of IDEC SPORT maxi trimaran, skipper Francis Joyon and his crew, training off Belle-Ile, Brittany, on october 19, 2015 - Photo Jean Marie Liot / DPPI / IDEC
35 noeuds au speedo ce matin…

Entre le départ de Ouessant et le cap Leeuwin, IDEC SPORT a navigué 18 jours, 20 heures et 37 minutes. C’est 20 heures et 41 minutes de plus que Banque Pop V en 2012. Ecart inférieur à une journée, donc. Mais cela représente aussi un gain de près de trois jours par rapport à Groupama. Lors de son Trophée Jules Verne victorieux en 2010, l’équipage de Franck Cammas était en effet arrivé à cette même longitude du cap Leeuwin après 21 jours, 14 heures et 22 minutes de mer. Or, chacun sait que l’actuel IDEC SPORT n’est autre que l’ex-Groupama 3.

Autrement dit, avec le même bateau et un équipage deux fois moins fourni – 6 hommes au lieu de 10 – le commando de Francis Joyon a amélioré la performance de 2 jours et 18 heures. C’est forcément excellent pour le moral, cela valide l’extraordinaire cavalcade entamée il y a cinq jours – toujours en cours à plus de 30 nœuds – et cela démontre surtout dans les grandes largeurs qu’IDEC SPORT est parfaitement revenu dans le match. Rappelons que c’est surtout dans le Pacifique, après la Tasmanie, qu’il y a éventuellement du gain à faire sur le temps de référence.

Retard à Leeuwin : à relativiser…

Mais revenons un instant sur ce retard de 20 heures à l’aplomb du cap Leeuwin. On a déjà expliqué ici qu’il faut prendre ce chiffre avec des pincettes de précision, voire ne pas le considérer du tout. Tout simplement parce que la terre est ronde et donc la route plus courte au sud : plus on est proche de l’Antarctique et moins on a de chemin à faire. Et comme Banque Populaire était passé à cette longitude 400 milles plus au nord qu’IDEC SPORT, cet écart en temps n’est pas pertinent. Encore une fois le but du jeu n’est pas d’aller en Australie, mais bien vers le cap Horn.

Oublier cela serait considérer que les 60 milles de retard sur Banque Populaire ce matin sont équivalentes à 20 heures de retard. Ce qui n’est évidemment pas le cas puisqu’ aux vitesses actuelles IDEC SPORT avale 60 milles en… deux heures. Dix fois moins. En fait, pour avoir un écart pertinent, il faudra attendre encore deux jours. Sur la cartographie du site d’IDEC SPORT, repérez le point matérialisant le 21e jour de la trajectoire de Banque Populaire V (56°Sud/158°Est). Là oui, à l’entrée du Pacifique, on pourra réellement comparer, d’autant que ce point est sur la route directe vers le Horn.

A égalité hier soir

Pour l’heure, on notera qu’IDEC SPORT est revenu hier soir à égalité avec le chrono à battre (- 8 milles à 19h). Et si les hommes de Francis Joyon reperdent du terrain sur leur concurrent virtuel depuis quelques heures, ce n’est pas du tout qu’ils vont moins vite – encore 33 nœuds ce matin  – c’est juste de la géométrie appliquée. Leur adversaire virtuel fait simplement désormais cap au sud-est, donc avec une meilleure VMG (vitesse efficace vers le but). Vous suivez toujours ?

Dans le cas inverse, ce n’est pas très grave : retenez qu’au début du vingtième jour de mer, IDEC SPORT fonce toutes voiles dehors sous l’Australie. L’entrée dans l’océan Pacifique, au sud de la Tasmanie, n’est plus que 900 milles devant les étraves du grand trimaran rouge. Et comme en ce moment les hommes de Joyon dévorent 750 milles par jour (!), on vous laisse calculer le timing d’entrée dans ce tronçon géant. Ce Pacifique qui pourrait bien décider du sort de cette tentative contre le Trophée Jules Verne. C’est pour ce week-end et les voyants du bateau rouge sont toujours verts. L’ambiance à bord ? Nous venons de recevoir un court mail de Francis. Voici ce qu’il dit, in extenso : « Cap Leeuwin passé. Boris a ouvert sa deuxième flasque de whisky, au lever du jour pour nous. Sans doute du comique de répétition.»

En bref.-

. Dans l’histoire du Trophée Jules Verne, quatre équipages seulement ont mis moins de 7 jours sur le tronçon cap des Aiguilles/cap Leeuwin : les deux derniers lauréats en 2012 et 2010 et les deux en route en ce moment-même. Parmi eux, seul IDEC SPORT a mis moins de 6 jours sur cette portion.

. Après 19 jours et 4h de mer, à 7h00 heure française ce vendredi 11 décembre 2015, IDEC SPORT navigue à 35,2 nœuds par 51°18 Sud et 121°17 Est, soit 1000 milles au sud de l’Australie et 600 milles au nord des glaces de l’Antarctique. Cap à l’Est (88°). Retard sur le chrono à battre : – 65 milles.

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