« La fenêtre météo visée cette nuit est… correcte! » L’expression est de Jean-Yves Bernot, le Maître ès navigation au grand large, qui assiste depuis toujours Francis Joyon dans ses plus grands challenges à la voile. En clair et en décodé, les conditions s’annoncent propices, certes pas idéales, mais présentant suffisamment d’arguments favorables pour déclencher une tentative. Les deux hommes surveillaient depuis la France le développement sur le continent nord américain d’une dépression à la force et la trajectoire conformes aux exigences d’un record devenu au fil des tentatives de plus en plus difficile à battre. Francis Joyon a le week-end dernier accumulé suffisamment de certitudes et de conviction pour monter dès hier dans un avion à destination de New-York, et retrouver son grand trimaran IDEC amarré dans la marina de Gateway à Brooklyn, New-York.Carénage des coques, derniers avitaillements, réalisés comme à l’accoutumé seul et par ses soins, et Joyon affinera ce soir téléphoniquement les derniers développements météo avec Jean-Yves Bernot, avant d’entreprendre en soirée le périlleux déplacement vers la ligne de départ et l’ancien emplacement du légendaire phare d’Ambrose à l’entrée de la baie de New-York, phare démonté en 2008 suite à de nombreuses collisions, et désormais remplacé par des bouées lumineuses. Un départ officiellement enregistré entre 2 et 8 heures du matin heure française lui permettrait de bénéficier de la lumière de la fin de journée américaine pour parcourir les délicats milles de convoyage sur le grand fleuve New-Yorkais. La dépression en circulation sur le Labrador devrait alors l’emporter dans ses vents soutenus d’une trentaine de noeuds, bien orientés à l’est sud est, sur une mer facilement négociable, durant au moins les deux premiers tiers du parcours. Comme c’est souvent le cas dans cette tentative de record, c’est la phase finale d’approche sur les îles Britanniques qui recèle le plus gros lot d’incertitudes. Le vent devrait y forcir cette fin de semaine et compliquer la tâche du marin solitaire. Mais la circulation de cette dépression sur une route suffisamment nord devrait en revanche permettre à IDEC de glisser au plus près de la route directe, et d’optimiser ainsi sa trajectoire vers l’entrée de la Manche en accumulant les milles « efficaces » vers Lizard.
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