Voile

Entre grains et sargasses

L’alizé n’est pas un long boulevard tranquille. Il est agité de nombreuses zones orageuses, à grains, quand le vent prend sans crier gare du coffre et vient surprendre le navigateur surtoilé. Ajoutez à cela les tristement célèbres sargasses, ces masses d’algues brunâtres flottant en masses compactes parfois de plus d’un mètre, et qui prises dans les appendices, safrans, foils ou dérives, sont capables de freiner fortement un maxi trimaran lancé à près de 30 noeuds, et vous avez la carte postale peu exotique des conditions en cours de Francis depuis hier. Le skipper d’IDEC SPORT raconte 24 dernières heures sous très haute tension, scandées par de multiples interventions un peu scabreuses pour réduire la toile sous des grains violents à plus de 30 noeuds, et apparus avec une grande soudaineté. « A plusieurs reprises, j’ai dû tout choquer en grand, gennaker et grand voile, pour ne pas me faire surprendre. Il a fallu très rapidement tout relancer, donc border des dizaines de mètres d’écoutes, pour renouveler quelques minutes plus tard la même opération… » Après une semaine de course haletante et terriblement sollicitante, Francis, du haut de ses 66 ans, revendique étonnamment un superbe état de forme. « La mer, ça répare! » précise-t’il en s’amusant. « Tous mes petits bobos, douleurs du départ ont disparu… » Au point de profiter, de contempler avec ce regard éternellement enfantin qui le caractérise, les magies de son métier. « Cette nuit, sous les étoiles, j’ai regardé glisser le bateau, dans son joli sifflement, caressé par la douceur du vent…. c’était pas mal! » Lucide à sa navigation, tonique aux manoeuvres, Joyon se lance à corps perdu dans une dernière approche stratégique avant la Guadeloupe. « Avec Christian (Dumard), Bertrand (Delesne) et Bernard (Stamm), on a imaginé de prolonger mon bord au Sud Sud Ouest, pour s’aligner après un dernier empannage, en route directe et tribord amure vers la Guadeloupe. J’ai une ETA très théorique d’arrivée à la tête à l’anglais vendredi à 3 heures du matin heure Français. »  Resteront alors quelques 60 milles à parcourir autour de la Guadeloupe, avec ce déprimant passage à Basse -Terre privé de vent par le volcan de la Souffrière, avant d’embouquer le canal des Saintes vers la ligne d’arrivée franchie ce matin par Charles Caudrelier et François Gabart. « Ils sont tous deux très méritants. François a été très courageux, après cette préparation contrariée. Félicitations à eux. »

 

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