Voile

Encore plus fort !

Il l’a fait. Francis Joyon a réussi à surprendre et à étonner ses proches et le monde de la course au large qui pensaient si bien le connaitre. Vainqueur, à l’issue d’un mano a mano d’anthologie avec François Gabart, d’une historique Route du Rhum, marquée par un des plus faible écart à l’arrivée depuis Mike Birch et Michel Malinowski, le skipper d’IDEC SPORT a joué encore un ton au dessus du registre de l’exploit auquel il nous avait habitué.
Victoire, record à la clé, à bord d’un bateau désormais triple vainqueur de l’épreuve malgré ses 12 ans d’âge, c’est avant tout par son mental hors du commun, par une motivation décuplée et une force physique intacte malgré le passage des ans que Francis Joyon a construit sa course. Cette Route du Rhum résume et consacre une méthode, une approche surannée du métier de coureur au large trop souvent délaissée au profit de modèles économiques copiées sur la Formule 1. Artisan de la préparation de ses bateaux, se nourrissant de ses expériences et de ses intuitions, entouré des compétences choisies à l’instinct, Francis signe une victoire d’homme, de volonté, d’abnégation et de ténacité sans pareille.

Une des clés de la victoire de Francis Joyon cette nuit à Pointe-à-Pitre réside certainement dans sa parfaite connaissance de son trimaran IDEC SPORT, avec lequel il a déjà, et à deux reprises, tourné autour de la planète, dans le cadre du Trophée Jules Verne en équipage. Revoir Francis en course, et en solitaire posait à Saint-Malo d’inévitables questions, sur ses véritables objectifs sportifs, et sur sa capacité à mener à son maximum son maxi-trimaran. Dès le départ, la réponse a été d’une éclatante clarté. Francis jouait la gagne, la victoire, défiant tous les pronostiques. Il renouait avec sa méthode bien personnelle de batailler contre le temps et les éléments. A fond, au maximum de la toile du temps, et de ses réglages.
Quitte à en payer jour après jour le prix, en perte de sommeil et en carence d’alimentation. Et c’est bien dans ce domaine de la performance physique que Francis a ébloui ceux qui le connaissent le mieux. A aucun moment il ne reconnait s’être « mis dans le rouge », en danger par manque de lucidité et de sommeil ainsi qu’il l’a tant de fois fait pour signer les plus invraisemblables exploits sur la transat anglaise et lors de ses records de la traversée de l’Atlantique notamment.

Francis a piloté IDEC SPORT plus vite et plus fort, à conditions égales, qu’il ne l’avait jamais fait en équipage. Le tout en parfaite maîtrise, de son équilibre, de ses trajectoires, et de ses ressources pour livrer un titanesque combat face à François Gabart, après 7 jours de course et dans les conditions si éprouvantes de la pétole Guadeloupéenne.

C’est donc bien l’homme, le marin, loin de la prouesse technologique que l’on célèbre aujourd’hui. Francis, à 62 ans, semble tout simplement plus fort que jamais, dans le contrôle et la résilience, habité d’une envie de victoire si peu tapageuse qu’on en oublie qu’elle alimente son incroyable résistance au mal, à l’épreuve. En symbiose avec sa machine qui lui ressemble par tant d’égards, il vient de signer, en toute modestie et humilité, et bien qu’aucun exploit ne se ressemble, l’un des chef d’oeuvre de sa longue carrière.

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