Depuis plusieurs saisons, IDEC SPORT collabore avec Paola Depalmas et François Rocagel, en ELMS et aux 24 Heures du Mans. Immortaliser en images tout ce qui se passe dans le team, tel est leur objectif sur chaque circuit.
Les voitures, les pilotes, la piste, le team, ils ne se lassent pas chaque année de shooter aussi les coulisses et les personnes de l’ombre. Membres du team à part entière, ils savent se faufiler, se faire discret et sublimer chaque instant. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, ils répondent présents même sous 40° degrés comme cela peut-être le cas à Imola, par exemple.
Rencontre avec nos deux valeureux photographes :


Depuis combien de temps fais-tu des photos ?
Paola Depalmas (PD) : La photographie est ma passion depuis toujours, depuis que j’ai reçu mon premier appareil photo argentique Nikon à l’adolescence. Un tournant décisif s’est produit en 2013 : j’ai pris la décision de me consacrer entièrement à la photographie. Pendant les deux années qui ont suivi, j’ai travaillé comme assistant photographe pour l’agence de presse britannique « Adrenal Media » (l’agence de presse officielle des championnats FIA WEC et ELMS à l’époque). Cette expérience m’a permise de voyager sur les circuits de course les plus prestigieux du monde et de constituer mon propre portfolio. Depuis 2016, je suis photographe indépendante à part entière.
François Rocagel (FR) : Je pourrais dire depuis toujours ou presque. Je pense que c’est mon père photographe amateur lui-même qui m’a donné l’envie ainsi que mon grand-père qui, par ses photos sépia, me racontait son histoire et celle de la famille.
Qu’est ce qui t’anime ?
PD : La photographie est le monde dans lequel je me réfugie. J’ai toujours été une personne introvertie, attirée par l’observation plutôt que par les feux des projecteurs. L’appareil photo devient mon refuge, un moyen d’observer le monde et ses habitants depuis l’arrière-plan, légèrement à l’écart. C’est ma voix sans avoir à l’élever, une façon d’être présente sans être trop exposée. À travers la photographie, je partage ma vision des choses, et lorsque d’autres personnes se reconnaissent dans cette perspective, cela devient ma plus grande motivation. C’est peut-être une forme d’acceptation, ou simplement la joie de découvrir que ce qui me touche peut aussi toucher quelqu’un d’autre.
FR : La photo est un partage. Un cliché en tant que tel n’a pas grand intérêt, c’est ce que l’on en fait qui compte. Ce qui se passe autour : la vie, les rires, les souvenirs, l’émotion parfois.
Est-ce facile de faire des photos de voitures lancées à plus de 280 km/h ?
PD : Techniquement parlant, je trouve beaucoup plus facile de photographier une voiture à cette vitesse que de capturer les émotions humaines. Avec un peu de pratique, photographier des voitures rapides ne semble pas si compliqué. Ce que je considère comme vraiment difficile, c’est la vitesse à laquelle les émotions apparaissent et disparaissent. Figer ces moments, les traduire en une seule image qui raconte une histoire, c’est de loin la partie la plus difficile de mon travail.
FR : Facile ?! Non …. Encore aujourd’hui je fais du flou ! La vitesse, le bruit, le souffle tout cela peut perturber le photographe surtout que nous sommes souvent au bord de la piste.
Quel type de photos préfères-tu faire ?
PD : Je pense que je suis née pour être photographe portraitiste. Comme je l’ai déjà dit, j’adore observer les gens… leurs expressions, les émotions cachées derrière ces yeux que les mots ne révèlent pas toujours. Quand je photographie quelqu’un, je recherche toujours cette étincelle. Ce type de photographie est sans aucun doute celui que j’aime le plus.


FR : Personnellement j’apprécie les photos prises à l’improviste, photos d’ambiance qui retracent l’atmosphère du team. L’humain.
Travailler au sein d’un team de course, c’est comment ?
PD : Travailler pour une équipe de course automobile m’a vraiment ouvert les yeux. Je ne me suis pas lancée dans le sport automobile par amour des moteurs, mais c’est finalement devenu le monde dans lequel je me sens le plus à l’aise. Faire partie d’une équipe dans cet environnement est incroyablement stimulant. On vit les mêmes émotions que les gens qui nous entourent : la tension, l’énergie, l’anticipation. Et quand la course commence, quand on est derrière l’appareil photo pour essayer de capturer ces moments, l’adrénaline est dynamisante. Cela alimente une immense créativité que je n’ai jamais trouvée ailleurs.
FR : Un plaisir permanent ! Il me tarde de retrouver le team à chaque meeting. Il faut dire qu’IDEC SPORT est une famille où l’on est bien.
Quel matériel utilises-tu ?
PD : Même si je possède deux boîtiers, je préfère travailler avec le moins de matériel possible, c’est un choix personnel. Pour l’instant, j’utilise du matériel Nikon. Il est essentiel de disposer d’une gamme complète d’objectifs pour obtenir de bons résultats. Mon kit couvre tout, du grand angle au téléobjectif. Mes objectifs préférés sont le 14-24 mm, le 35 mm, le 50 mm, le 85 mm et le 70-200 mm. J’ai également un téléobjectif qui atteint 600 mm.
FR : Pour les spécialistes, je suis Nikon. J’ai un D500 mais j’utilise essentiellement mon Z6. Je rêve du Z8 un jour peut-être. Côté objectifs j’ai du grand angle 18mm au téléobjectif allant jusqu’à 500mm. 5 objectifs en tout.


Combien de kilos emmènes-tu en piste ?
PD : Tout l’équipement mentionné ci-dessus. Je n’apporte le matériel de studio, comme les lumières, les flashs, les boîtes à lumière, etc., que lorsque cela est spécifiquement nécessaire. Tout le reste, comme les objectifs et les boîtiers d’appareils photo, je les ai toujours avec moi.
FR : une petite dizaine de kilos. Mais avec l’accréditation photographe nous avons la chance de disposer au Media Center des places au calme pour bosser et des placards pour poser le matériel que nous n’utilisons pas et l’ordinateur.
Aux 24 Heures du Mans, quel est ton moment préféré pour faire des photos et pourquoi ?
PD : Il y a deux moments que j’aime particulièrement aux 24 Heures du Mans. Rien ne vaut les prises de vue au coucher du soleil et la nuit. Le coucher du soleil est magique, car chaque année, Le Mans semble vous pousser à faire mieux que l’année précédente. Lorsque le temps est clair et que le soleil se couche, les couleurs du Mans sont vraiment uniques et inoubliables. Et puis il y a Le Mans la nuit, surtout depuis la voie des stands. C’est l’un des moments qui me marque toujours pendant la course. D’une certaine manière, les couleurs deviennent encore plus vives, plus intenses, et on ressent vraiment le poids de la fatigue qui s’installe.


FR : Sans hésiter, la nuit c’est magique et très compliqué à photographier. La chicane des stands, la pitlane … rien que d’en parler il me tarde d’y retourner.
Combien de photos faites-vous chaque week-end en ELMS et au Mans ?
PD : Je n’ai jamais vraiment compté le nombre de photos que je prends, d’autant plus que mon appareil photo est presque toujours réglé en mode rafale, ce qui est essentiel pour moi sur circuit. Très souvent, je me retrouve avec des milliers d’images à la fin de la journée, que je dois toutes passer en revue avant d’arriver à la sélection finale.
Quant au Mans, le nombre est vraiment impressionnant, facilement des milliers, bien plus que lors d’un week-end de course normal.
FR : Au début énormément, aujourd’hui je me limite. 800 pour Le Mans et 300/400 en ELMS.
Quel outil utilises-tu pour trier tes photos ? Utilises-tu l’IA ?
PD : Pour la sélection finale des fichiers, j’utilise PhotoMechanic, tandis que pour le post-traitement, je travaille avec Lightroom. De nombreuses fonctionnalités d’IA ont été mises en œuvre de manière quasi automatique, par exemple dans Lightroom et Photoshop. Ces outils simplifient et accélèrent considérablement le processus de post-traitement. Je peux donc affirmer que certaines des fonctions que j’utilise dans Lightroom sont essentiellement basées sur l’IA… En ce sens, je l’utilise effectivement.
FR : Quand je rentre au Media center, je prends l’ordi et je trie pour garder les meilleures.
As-tu fait une école pour devenir photographe ?
PD : Je n’ai jamais suivi de formation officielle en art ou en photographie. J’ai essentiellement appris la photographie par moi-même, en autodidacte et par la pratique. Plus tard, en 2011, j’ai décidé de suivre un cours de photographie de base dans un institut à Milan. Il n’a duré que quelques mois et, honnêtement, il ne m’a pas été particulièrement utile pour apprendre la photographie, car j’en connaissais déjà les bases. Cependant, c’était l’un des premiers endroits où je pouvais vraiment échanger avec d’autres personnes et avec des professionnels qui évaluaient mon travail, plutôt que de recevoir uniquement les commentaires de mes amis ou de ma famille, qui ne sont pas toujours objectifs. Je me souviens que cela a été extrêmement important pour moi, car à la fin du cours, le professeur m’a fortement encouragé à continuer la photographie et à ne pas abandonner. Cette incitation a beaucoup compté pour moi et a véritablement façonné le chemin que j’ai suivi depuis.
FR : Absolument pas ! Je ne suis pas photographe, je suis le photographe amateur d’IDEC SPORT, ma profession est bien loin de l’art photographique.

Que pourrais-tu dire aux jeunes qui souhaitent se lancer ?
PD : Je recommanderais deux choses essentielles. Si la photographie est l’un des moyens que vous préférez pour créer de l’art, vous exprimer et partager une partie de qui vous êtes, ne vous arrêtez pas aux premiers jugements que vous recevez. N’abandonnez pas trop vite. Ne vous fiez pas non plus uniquement aux commentaires positifs de vos amis et de votre famille, car ils ne sont pas toujours objectifs. Apprenez à écouter attentivement les critiques, mais utilisez-les comme un moteur pour progresser plutôt que de les laisser vous démoraliser. Si vous pensez avoir du talent, cultivez-le. Ne vous arrêtez pas parce que quelqu’un vous dit que vous n’êtes pas assez bon ou qu’il n’y a pas d’opportunités. La passion est la passion… et si elle est destinée à devenir un métier, vous finirez par trouver votre voie. Et puis, il y a la pratique : observez, observez toujours. Regardez le travail des photographes d’hier et d’aujourd’hui, et laissez leur vision inspirer la vôtre.
FR : La photo c’est beau, une super occasion de partager et de vivre des instants rares. Oser et ne pas imiter les autres, faire ses clichés comme on le sent.
Comment as-tu intégré l’écurie IDEC SPORT ? Depuis combien de temps ?
PD : J’ai été contacté pour la première fois en 2020 par l’un des pilotes de l’équipe, Paul-Loup Chatin. C’est lui qui m’a trouvé et m’a demandé si je souhaitais travailler et collaborer avec l’équipe. Depuis, je travaille avec IDEC depuis 5 ans : de 2020 à 2025, je n’ai jamais cessé de collaborer avec eux.

FR : IDEC SPORT c’est une histoire d’amitiés, je suis un chanceux, avec Patrice Lafargue on se connaît depuis l’enfance. J’ai débarqué à Silverstone en 2016 et depuis je n’ai plus arrêté. Je couvre toute la saison, heureux de faire partie de la famille IDEC.

En dehors du Mans quel est ton circuit préféré sur la saison ELMS ?
PD : Spa Francorchamps est de loin l’un de mes circuits préférés.
FR : Question piège. Pour l’émotion je dirai Spa, pour la photo Portimao pour la lumière les circuits italiens.
Combien de km parcours-tu par jour ?
PD : Avant, je marchais tellement tous les jours que j’étais probablement plus en forme que certains pilotes. Maintenant, avec mon scooter électrique, je me déplace partout en un clin d’œil… mais malheureusement, seul le scooter conserve sa silhouette élancée 😂
FR : Pas mal……il faut de bonnes chaussures. Parfois un bon vélo, notamment au Mans pour couvrir l’ensemble du circuit.