Mercredi 3 décembre – Mission scientifique accomplie pour les navigatrices à bord du maxi-trimaran IDEC SPORT –
Les mots d’Alexia Barrier
« Hier après-midi, j’ai enfin pu respirer. La mer s’est calmée un instant, juste assez pour qu’on reprenne notre souffle, que le bateau se cale, que tout retrouve une sorte de rythme naturel. Bien sûr, il reste ces grains, toujours eux, qui viennent nous chatouiller — parfois même nous contrarier — mais ça fait partie du jeu. On compose, on ajuste, on s’adapte.
Les heures de barre sont intenses. On pousse, on ressent, on écoute le bateau comme une bête vivante. On essaye d’utiliser davantage le pilote pour économiser un peu de nos forces.
Les prises de ris au portant… ah, ça, ce n’est jamais une partie de plaisir. Pour ceux qui nous suivent : prendre un ris, c’est réduire la toile, diminuer la surface de voile pour garder le contrôle quand le vent monte. Au portant, quand ça déboule, ce n’est pas simple du tout. Mais l’équipage assure, encore et toujours.
Aujourd’hui, nous avons une mission toute particulière : déployer une bouée météo dérivante. Un geste simple en apparence, mais un geste scientifique, utile, rare — et historique. C’est la première fois qu’une bouée de ce type est déployée depuis un trimaran lancé autour du monde.
Ces petites bouées, discrètes mais essentielles, mesurent la pression atmosphérique, la température de la mer et les courants de surface. Elles envoient leurs données toutes les heures, gratuitement, à la communauté scientifique internationale. Elles sont les yeux et les oreilles de l’océan.
Sur ces immensités marines, véritables déserts de données, elles apportent une information précieuse : la pression atmosphérique, un paramètre crucial de la météorologie, mesurable uniquement grâce à un baromètre. Grâce à elles, tous les modèles météo du monde — quels que soient les pays — deviennent plus précis. Elles participent à la surveillance du climat, améliorent la prévision, affinent la compréhension de l’atmosphère et de l’océan.
Cette bouée que nous larguons aujourd’hui appartient au programme Copernicus. Elle vivra environ deux ans… parfois plus. Certaines dépassent même cinq ans, courageuses petites sentinelles à la dérive.
Alors oui, aujourd’hui on fait de la vitesse, on cherche les bons angles, on vit nos grains et nos manœuvres… Mais on contribue aussi, modestement, à quelque chose de plus grand. Et ça, ça donne un sens supplémentaire au sillage que nous laissons derrière nous. »
Article by The Famous Project CIC
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