Voile

Vigilance max pour Francis Joyon par 55 degrés Sud

« J’avais commencé mon journal de bord en écrivant ‘vendredi ‘… et je me suis repris : j’ai passé l’antéméridien donc c’est mon deuxième jeudi de la semaine… » Il faudrait plus que ce « rajeunissement » instantané d’une journée pour perturber Francis Joyon. Car après une navigation plus difficile hier, IDEC est de nouveau sur des bases de 500 milles à la journée. Le maxi trimaran navigue ce vendredi midi par 55 degrés de latitude sud et 170 degrés de longitude redevenue ouest donc, après le passage de l’antéméridien. A des vitesses de l’ordre de 20 nœuds en moyenne.Joint au téléphone satellite, Francis Joyon explique : « hier, j’ai eu droit aux signes avant-coureurs de la fameuse dorsale anticyclonique porteuse de calmes devant laquelle je fuyais. J’ai eu des grains, un vent très changeant en force et en direction, cela pouvait passer de 8 nœuds à des rafales à 30 nœuds, des nuages noirs, de la pluie… » Donc beaucoup de manœuvres, de changements de voiles, de concentration pour anticiper le passage des grains. La (très) bonne nouvelle du jour est qu’IDEC a donc réussi à échapper à cette dorsale. Francis Joyon en convient : « j’y ai échappé de peu, il s’en est fallu d’un cheveu… un moment j’ai même cru que j’allais m’arrêter et être rattrapé par la dorsale. Mais maintenant je suis dans un système de sud-ouest bien établi, j’ai même du prendre un ris dans 32 nœuds de vent tout à l’heure. J’ai échappé à un piège qui aurait pu me faire perdre 24 heures».Et maintenant ? « je descends un peu » dit Francis Joyon, cap au 100 avec un peu de Sud dans son Est, donc. «Je n’ai pas le choix : d’une part le vent m’oblige à continuer à descendre et d’autre part il est un peu tôt pour empanner car l’anticyclone est encore dans mon nord, et il ne s’agit pas de buter dedans. Je devrais descendre jusqu’à 56° sud peut-être, j’espère pas plus bas car là le risque de glaces deviendrait alors vraiment trop important ». Tout le jeu consiste donc à « faire avec la météo sans trop descendre, les limites sont faites pour être franchies mais tout de même… » Vigilance maximale donc sur les glaces, avec 2 ou 3 milles de visibilité maximum et un œil en permanence sur le radar dans ces contrées « où personne ne va », comme dit Jean-Yves Bernot, le routeur d’IDEC, « où il n’y a pas de données d’observation sur les icebergs, alors qu’il y en a encore quelques unes dans l’Indien ».Pour l’heure, IDEC a repris de la vitesse et ce devrait être le cas pendant encore deux à trois jours. « Je fais des vitesses moyennes de l’ordre de 20 nœuds », confirme Francis Joyon, « mais ce n’est pas régulier, le vent n’est pas encore très stable dans ce temps à grains : un coup j’accélère à 25 nœuds, un coup je ralentis. Hier un moment j’étais même sous voilure de près, dans du sud-est !» Côté bonhomme, « le jeu est de ne pas trop tomber en déficit de sommeil, j’arrive à m’en sortir avec mes 4 heures vitales par jour que je trouve par-ci, par-là… et côté alimentation, je ne me fais pas vraiment des repas de Noël mais des choses qui permettent de tenir, là c’est une soupe de poissons et un plat de nouilles, rien de très original!»IDEC devrait bénéficier encore deux à trois jours de ce vent de sud-ouest portant, «ensuite il repassera à l’ouest et j’en profiterai pour me recaler un peu, car devant il y a une dépression un peu embêtante à gérer », explique Francis Joyon (lire aussi le point météo de Jean-Yves Bernot ci-contre), « dépression que j’essaierai de contourner par le nord pour garder du vent portant ». Autrement dit, IDEC va faire de la vitesse encore deux jours, puis devoir empanner (virer de bord au vent arrière, ndr) dans une bascule d’ouest avant de devoir choisir une route de passage pour franchir des petites dépressions qui se créent devant sa route. Une navigation un peu complexe… et donc intéressante. Avec pour atout, il ne faut pas l’oublier, un capital d’avance sur le chrono d’Ellen MacArthur qui n’a jamais été aussi élevé : 3045 milles à midi ce vendredi, soit plus de 5600 kilomètres.Voilà qui permet d’appréhender avec une relative confiance un toujours possible coup de frein dans trois jours. D’autant qu’au terme de 28 jours de course après le temps, chaque mille qui passe rapproche désormais de la ligne d’arrivée. IDEC passera aujourd’hui sous la barre des 10 000 milles à parcourir pour boucler son tour du monde.

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