Cette île empreinte d’exotisme et d’aventure est vite devenue avec l’essor de la navigation, de la colonisation et du commerce un point stratégique et une terre d’escale pour les navigateurs en route vers l’Inde et ses richesses orientales.En 1715, la France s’installe sur ce territoire délaissé par les Hollandais en débarquant du vaisseau le Chasseur avec le capitaine Guillaume Dufresne d’Arsel. L’île Mauritius devenue l’Isle de France sera ensuite cédée à la Compagnie des Indes Orientales, compagnie commerciale française dont l’objet est de naviguer et de négocier depuis le cap de Bonne-Espérance. Les cultures vivrières : la canne à sucre, le manioc, les potagers et les vergers ont été implantées sous la directive du gouverneur Bertrand-François Mahé de La Bourbonnais. Ce Malouin qui en quittant jeune sa terre bretonne pour la mer deviendra lieutenant puis capitaine pour la Compagnie des Indes orientales, il sera ensuite au service du vice-roi du Portugal puis gouverneur de l’Isle de France en 1935. Il est alors âgé de 36 ans. Son passage sur l’île aura permis son développement militaire et économique.Après des traversées de plusieurs mois depuis Lorient ou Saint-Malo, les vaisseaux de la Compagnie des Indes sur la « Route des Épices » ont pris pour habitude de faire escale sur l’Isle de France avant de remettre le cap sur Pondichéry. La vie à bord n’était pas une sinécure : des espaces exigus, une hygiène déplorable, une alimentation précaire et une météo imprévisible. L’Isle de France apparaît alors comme une douce terre d’accueil permettant aux marins de reprendre des forces grâce à des soins, aux fruits et légumes frais et des bouillons de tortues et aux vaisseaux d’être remis en état. Ces escales ont été appréciées par les vaisseaux de commerce mais aussi par des explorateurs, scientifiques, savants, géographes, artistes, navigateurs… Parmi eux, l’écrivain français Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre dont l’île aura inspiré le roman Paul et Virginie, deux enfants élevés dans la beauté des paysages exotiques mauriciens et rencontrant un destin tragique qui rappelle explicitement les déceptions amoureuses de l’auteur.Le port Saint-Louis apparaît pour la première fois sur une carte en 1721. Il devient un port d’attache pour les corsaires chargés de « faire respecter l’honneur tricolore » et de s’imposer face aux puissances anglaises. Le plus célèbre d’entre eux est Robert Surcouf. Surnommé le « roi des corsaires », ce malouin intrépide et téméraire capturera de nombreux vaisseaux anglais qui feront sa fortune et soutiendront les positions de la France dans l’océan Indien. Plus de 2000 bâtiments anglais auraient été capturés entre 1793 et 1797. Mais ces « exploits » ne suffisent pas, ils auraient même tendance à énerver les Britanniques et la France perd de son influence. Pondichéry redevient anglais en 1803. L’attaque de l’Isle de France l’année suivante sera « rapide et forte » : 28 vaisseaux de guerre, 62 bâtiments de transport soit 90 voiles anglaises et offensives lancées vers le Cap Malheureux. Après trois jours de bataille, le gouverneur français capitule face au nombre et à la puissance de l’armée anglaise. Le Traité de Paris de 1815 rend certaines possessions à la France mais l’île reste sous la couronne britannique et est rebaptisée Mauritius.L’île Maurice est indépendante depuis1968 et a tourné son économie vers les secteurs industriels et financiers en plus du tourisme et de l’agriculture. Si elle ne mentionne pas de langue officielle, l’anglais est utilisé par l’administration, le français pour les affaires et le créole, mélange de français enrichi d’autres langages est la langue maternelle de 90% de la population.
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