Route du Rhum

EN PISTE POUR UNE 8e ROUTE DU RHUM

Interview vérité de Francis Joyon

« La Route du Rhum est un rêve pour tout navigateur en multicoque. C’est la plus belle des transats. Aucune édition ne se ressemble, et 36 ans après ma première tentative, elle me fascine toujours autant. On y part toujours dans l’inconnu, et cette dimension d’incertitude me plait. »

« J’ai conscience qu’il devient de plus en plus difficile de la gagner. La voile, dans toutes ses classes, s’est professionnalisée, avec l’arrivée de staffs techniques, d’équipes de préparateurs spécialisées. Cela ne me fait guère envie. Je préserve, avec ma petite équipe, un côté amateur, et le Rhum permet toujours de côtoyer quelques marins atypiques, peu argentés et passionnés, en Classe Rhum notamment. Cette course comporte suffisamment d’aspects mystérieux pour préserver son côté aventurier, imprévisible quel que soit le niveau de préparation des marins. Les règlements s’épaississent, au détriment des uns, et à l’avantage des autres. Mais en multicoques, toutes les courses sont dangereuses et cette dimension préserve à mon sens encore un peu le suspens et la magie de l’épreuve. »

Je m’attends à un combat âpre, comme en 2018.
Il me faudra à nouveau tout donner, jusqu’aux derniers mètres.

« Nous avons tout l’hiver bichonné notre IDEC SPORT. Nous continuons de rechercher la simplicité, dans tous les compartiments du jeu. Le bateau emporte au final peu d’informatique, peu de systèmes hydrauliques compliqués. Il se pilote à l’ancienne, avec les postes de barre en extérieur et peu protégés. On a bien travaillé sur les appendices, pour retrouver une certaine douceur à la barre. On a refait les cales de dérives, qui laissaient entrer l’eau. Et on partira avec une Grand Voile et un gennaker neufs.
IDEC SPORT est un bateau stable et c’est là un facteur rassurant. Je le connais par coeur, et je sais pouvoir éviter de me faire dépasser par ma machine, comme c’était trop souvent le cas en 60 pieds Orma. Je m’attends à un combat âpre, comme en 2018. Il me faudra à nouveau tout donner, jusqu’aux derniers mètres. Je sais qu’il me faudra une nouvelle fois aller chercher loin au fond de moi les ressources physiques, surtout sur la fin. Il faudra de la chance aussi, critère important en voile. Mais la chance se provoque, à commencer dans la préparation du bateau et dans le choix des routes les moins casse-bateaux. Il faut aussi être joueur. En 2018, je me suis faufilé au plus près de la côte de Guadeloupe, en limite de toucher les cailloux. Il n’y avait pas d’eau, mais juste un petit contre courant qui m’a aidé à revenir sur François (Gabart). Je le voyais au loin dans la nuit grâce aux sillages lumineux de tous ses bateaux suiveurs. Le vent a oscillé en ma faveur à l’arrivée, et je n’ai pas eu à tirer ce contre bord qui m’aurait couté la victoire. Le coeur battait fort. J’ai eu du mal à réaliser ce qui arrivait. C’est la magie du Rhum. »

Destination Guadeloupe
Le parcours selon Francis

« Comme l’a si bien dit Loïck Peyron, la Route du Rhum est une course qui part en hiver pour arriver en été. Les sorties de la Manche et du Golfe de Gascogne peuvent, à l’approche de l’hiver continental, se montrer très méchantes, avec de multiples passages de fronts très violents. L’important est alors de ne pas casser, tout en optant pour la route la plus favorable vers les régimes de vents portants.

La Route du Rhum est une course de portant et les bateaux sont souvent dessinés à cet effet. Il convient donc, une fois gérées les dépressions d’Atlantique Nord, de plonger en bordure des hautes pressions des Açores, ou dans les régimes d’alizés s’ils sont établis. On sait que ces dernières années, ces vents portants depuis l’Afrique vers les Antilles, ne sont jamais idéalement placés. Il faut ainsi savoir quand investir dans le Sud pour trouver non seulement la bonne force, mais le bon angle au vent. Dans l’alizé, c’est aussi l’état de la mer qui permet ou non de solliciter le bateau à fond. Une forte houle contraire peut ralentir et faire souffrir le bateau. On est dans la gestion, à l’affût des moments propices à lâcher les chevaux. Le final, comme on l’a vu récemment, peut rebattre les cartes. C’est pourquoi il fait demeurer en permanence à 100% de sa vigilance. Le tour de la Guadeloupe relève parfois de la roulette russe. Il faut de la réussite, comme souvent en voile, et surtout, malgré la fatigue, ne pas s’économiser et savoir multiplier les manœuvres, et prendre des risques à la côte, à la recherche des contre-courants. »

Un Événement et Un dispositif exceptionnel


Bouton retour en haut de la page
IDEC SPORT

GRATUIT
VOIR