Voile

Route du Rhum 1994 : Un Rhum au goût amer

Préambule

Francis Joyon prendra le 4 novembre prochain le départ de la Route du Rhum, destination Guadeloupe. Une transatlantique qu’il connaît bien pour y avoir participé à six reprises. Six « Rhum » aux saveurs bien différentes que nous vous proposons de revivre à travers ces récits. Place aujourd’hui à l’épisode 2 et au Rhum 1994 !

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Pour sa deuxième participation à la Route du Rhum lors de l’édition 1994, Francis Joyon dispose d’une machine flambant neuve, un trimaran de 60 pieds de la classe ORMA aux couleurs de la BPO. Ayant lancé son bateau en août de cette même année, Francis ne dispose que de peu de temps pour mettre au point sa monture construite en fibre de verre. Mais dès son premier Grand Prix des Multicoques à Brest le mois suivant, son plan Irens brille, remporte deux manches et ne s’incline que face à Laurent Bourgnon (Primagaz). Francis s’élance ainsi en confiance au départ de Saint-Malo. Las ! Il percute peu après le départ un Objet Flottant Non Identifié qui abime un safran et le contraint à rentrer au port. C’est de très loin qu’il observera 14 jours plus tard le premier succès de Laurent Bourgnon dans la plus mythique des transats.

Un premier bateau neuf pour Francis.
Francis clôt fin 1993 l’épisode Paragon, ce plan Robert Humphrey et Thompson de 1985, avec une belle troisième place en solo dans la Route du Café, au départ du Havre et à destination de Cartagena das Indias en Colombie, épreuve qui deviendra deux ans plus tard la Transat Jacques Vabre. Son partenaire Banque Populaire lui offre alors la possibilité de disposer d’une monture au niveau de son talent. Francis, aidé de l’ami de toujours Gil Carmagnani, lance la construction d’un trimaran de 60 pieds sur plan Nigel Irens. Il bénéficie d’un coup de pouce de Loïck Peyron et de Fujicolor pour réutiliser les moules de Fujicolor II, le trimaran dernier cri qui s’est imposé lors de la Transat anglaise 1992. Economie de moyens oblige, le bateau n’est pas en carbone comme la plupart des unités de l’époque, mais en fibre de verre, matériau raide mais pesant. Il n’en est pas moins performant et brille dès sa première confrontation avec les ténors de la classe Orma lors du Grand Prix de Brest en septembre 1994. Francis, peu reconnu pour ses talents de régatier entre trois bouées en équipage, remporte pourtant deux manches et signe une très encourageante deuxième place au général.

Abandon
La Route du Rhum 1994 reflète alors un certain marasme dans l’univers de la course au large. Crise économique ambiante, ils ne sont que 24 solitaires au départ, équitablement répartis entre multicoques et monocoques. Le plateau, chez l’émergente classe des trimarans et catamarans de 60 pieds, est pourtant relevé, avec les Bourgnon, Peyron, Vatine, Maurel au rendez-vous. Francis joue d’emblée de malchance. Il percute peu après le départ un objet qui endommage non seulement son safran, mais provoque une voie d’eau. Il doit faire demi-tour et rentrer à Saint-Malo changer d’appendice. Il repart loin de la tête de course où Laurent Bourgnon et Paul Vatine se livrent un duel épique que Loïck Peyron, victime d’un démâtage, ne peut arbitrer. Mais pour Francis, les malheurs et les petits soucis de jeunesse s’enchaînent ; « Mon pied de mât explose et je n’ai d’autre choix que de m’arrêter aux Açores pour réparer, avant de rentrer en France. La déception est grande, bien entendu, mais je me sais chanceux de ne pas avoir démâté. »

Francis abandonne cette Route du Rhum, préservant l’avenir de ce bateau à la rusticité déjà bien à son image, et qui le portera dès l’année suivante à la deuxième place de la Transat Jacques Vabre, avant son triomphe dans la Transat anglaise en l’an 2000.

Rendez-vous mercredi prochain pour revenir sur le récit de la troisième Route du Rhum de Francis Joyon en 1998 !

 

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