La traversée du pot au noir, avec son alternance parfois brutale de grains violents et de vents instables n’avait pas, au sens strict du terme, freiné le grand trimaran Idec. La bordure occidentale de l’immense anticyclone de sainte Hélène constitue pour les navigateurs un piège et un dilemne que Francis s’évertue à résoudre. Dilemne car grande est la tentation de s’y engouffrer pour faire enfin route directe vers la pointe de l’Afrique et l’entrée dans l’océan Indien. Gare à ses pièges cependant préfigurés par de vastes bulles sans vent qui emprisonnent des jours durant le marin impatient. Francis Joyon tente de rallier des latitudes plus ventées en glissant entre ces champs inertes à sa gauche, et les flux plus perturbées qui remontent le long des côtes d’Amérique latine sur sa droite. Entre le portant instable et le près inconfortable loin de la route directe, Joyon cherche le compromis, en mettant imperceptiblement de plus en plus d’Est dans sa route. Paradoxalement, jamais son avance virtuelle sur Ellen Macarthur n’a été aussi élevée, plus de 810 milles ce matin, alors que la jeune anglaise naviguait à ce moment de la course et pour la première fois plus vite qu’Idec dont la moyenne ces dernières heures s’établit à environ 13,5 noeuds.
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