Si les hommes d’IDEC SPORT dévoraient dimanche après-midi avec appétit et un plaisir affiché leur pain blanc, ainsi que l’expliquait Francis Joyon en décrivant sa belle navigation nocturne, sous grand gennaker et à pleine vitesse, cette journée de lundi était plutôt placée sous le signe tout rassis d’un triste menu à base de faibles vitesses, et de nombreux empannages dits « de recadrage ». L’idée était d’éviter de se faire happer par les calmes de l’anticyclone. Un régime guère favorable à la quête aux records, ainsi qu’en témoigne le bilan comptable des dernières 24 heures, avec ces maigres 400 milles parcourus sur la route quand quatre ans plus tôt, le « Defender » Banque Populaire V en alignait près de 700. Le déficit, certes intégré dans la stratégie du bord, tutoie ce matin les 300 milles. La bonne nouvelle de la nuit, et elle est d’importance, est que le maxi trimaran IDEC SPORT est enfin entré dans le régime dépressionnaire en circulation depuis les côtes argentines. Joyon et son commando naviguent depuis quelques heures dans un flux d’ouest puissant, qui les propulsent à plus de 33 noeuds vers l’Afrique du Sud. C’est tout le paysage et l’ambiance de la course qui vont à grande vitesse s’en trouver bouleversés. IDEC SPORT doit rester dans cette excellente veine de vent le plus longtemps possible, et pour se faire gagner dans le sud, afin de glisser sous un anticyclone de Sainte Hélène qui a pris ses quartiers sous la pointe australe de l’Afrique, et qui va contraindre les Joyon, Gahinet, Pella, Surdel, Herrmann et Stamm à entrer de plain pied dans le pays de l’ombre, entre 40èmes et 50ème degrés de latitude sud. Le 10ème jour de la quête du Trophée Jules Verne s’annonce tonique à l’heure de la très grande vitesse, et subtil dans le choix des trajectoires.
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