Voile

IDEC DE RETOUR EN BRETAGNE

« Pour un chavirage, on peut dire que les dégâts étaient limités, comparables à ceux d’un démâtage. Nous avons récupéré un maximum de choses et beaucoup vont être réutilisées. » Francis Joyon résume à grands traits l’état de son maxi trimaran IDEC qui vient d’être mis au sec à Vannes. Et où il entame les travaux, « avec les mêmes artisans que pour les chantiers ordinaires ». Déjà une victoire pour un bateau qui aurait pu être définitivement perdu après le chavirage new yorkais de cet été. Par exemple si Francis avait du quitter le bord de son bateau retourné, comme le lui demandaient les Coast Guards américains, avant que les représentants du Cross Griz-Nez (qui coordonnaient la mission de sauvetage) et ceux de la Marine nationale ne parviennent à les convaincre du contraire. Francis Joyon est d’ailleurs allé à l’Hôtel de la Marine à Paris lundi, accompagné de Patrice Lafargue (PDG du Groupe IDEC) pour remercier chaleureusement de leur précieux concours ces mêmes représentants du Cross et de la Royale. « Nous leur avons promis une sortie en mer » sourit Francis « et comme il y a beaucoup de passionnés de voile parmi eux, ils ont accepté avec enthousiasme ». Un joli moment en perspective.Une belle chaîne de solidaritéCette sortie amicale sera possible dès le printemps prochain, donc. Grâce d’abord à une belle chaîne de solidarité qui s’est forgée outre-Atlantique, avec notamment l’aide de coureurs américains comme Phil Stegall, Jean-Pierre Mouligne ou encore Rich Wilson. « Tous à un moment de nos carrières respectives avons connu des chavirages et ce ‘club des rescapés’ a très bien travaillé », raconte Francis. Tous ensemble, ils ont d’abord réussi à mettre IDEC à l’endroit et à l’abri dans la marina de Newport – au chantier Hunt, qui a lui aussi joué à fond la carte de la solidarité des gens de mer. »Il fallait commencer par protéger le bateau du cyclone Irène qui approchait. Ce qui voulait dire le préparer à résister à des vents de 80 noeuds ». Pas une mince affaire. Quelques jours de stratification ont également été assurés par Francis en personne pour refaire provisoirement le ‘dog house’, à savoir la casquette de roof, écrasée par le chavirage. Les dégâts ? L’essentiel concerne le gréement avec le mât brisé en deux, mais dont les morceaux ont été récupérés (« au final nous avons même réussi à sauver 3 voiles sur 5 » précise Francis). Ensuite, Francis Joyon a fait un aller-retour en France pour faire fabriquer quelques pièces… avec dans l’idée de monter un gréement de fortune pour faire traverser le bateau par ses propres moyens, en convoyage par la mer ! Une mission a priori très délicate sur le papier et pourtant menée de main de maître par Francis et son ‘club des rescapés’.Retour transatlantique sous gréement de fortune !Francis Joyon explique : « nous avons réussi à monter un gréement de fortune avec la partie supérieure du mât et à retailler et adapter des voiles ». Au final, « toujours avec l’aide du chantier Hunt, nous avons pu doter IDEC d’un mât de 16 mètres de haut (32 m en temps normal). Puis nous l’avons essayé en mer et nous avons vu que ça tenait. Il ne restait plus qu’à attendre une fenêtre météo. » A l’ancienne donc, sans faire appel à un couteux cargo. Et avec cette culture toujours vivace de l’ancien « matérialiste » des Glénan qu’on pourrait résumer ainsi : tentons de nous en sortir par nous-mêmes, intelligemment et à moindre coût. Francis rentré en France pour préparer l’arrivée du bateau, deux de ses fidèles – Roger Ganovelli et Didier Rouzeaud – se sont chargés du convoyage, accompagnés de Laurent Apollon rencontré à Brooklyn. Au final, les trois hommes n’ont mis que 16 jours pour ramener le bateau sous son gréement de fortune, via une transatlantique qui s’est déroulée « essentiellement dans du petit temps et au portant, très peu de près ».A l’eau au printempsIDEC désormais du bon côté de l’Atlantique, les scies et ponceuses sont donc de sortie. « On va notamment renforcer un des bras de liaison sur lequel nous avons constaté un délaminage mais qui n’est visiblement pas dû au chavirage et refaire donc le ‘dog house’ et quelques autres petites choses comme ça ». Le mât ? Puisqu’on a la possibilité technique de le reconstruire, pas question d’en faire un nouveau. Lorima, le constructeur de l’espar, est ainsi chargé de le re-fabriquer à partir des deux morceaux existants. « Ils ont besoin d’un délai de trois mois pour mener à bien cette opération » explique Francis Joyon. « Dès le printemps prochain, nous serons prêts à naviguer de nouveau ». Ce ne sera pas volé.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page
IDEC SPORT

GRATUIT
VOIR