Poussé depuis son entrée dans l’Océan Indien par la menace d’un front dépressionnaire virulent qui fait souffrir les concurrents de la Barcelona World Race, Francis Joyon et IDEC, à force d’aligner les journées à 600 milles, ont donc fini par faire tomber un nouveau fabuleux record. « Le jeu consiste pour moi depuis plusieurs jours à faire marcher le bateau à fond pour ne pas me faire dépasser par le front. Tant que je reste en avant de la dépression, j’ai un vent de Nord Ouest pour 25/30 noeuds parfait pour le bateau, et surtout une mer plate idéale pour aller vite. Mais je sais que d’ici 24 heures le vent va commencer à tourner Sud Ouest et c’en sera terminé de la grande cavalcade… »Francis Joyon s’est montré ravi mais au demeurant peu surpris de ce record ; « Je n’avais pas l’intention d’aller chercher ce record des 24 heures, mais puisque les conditions m’y obligent, autant y aller…Ce n’était pas au programme de ce tour du monde. En restant en avant du front, c’est 600 milles par jour. Le front me rattrape petit à petit et je dois encore accélérer jusqu’à demain. Le record, c’est la cerise sur le gâteau. Les conditions sont quand même exceptionnelles car aucune dépression n’est venu perturber l’état de la mer. J’ai une houle de Sud Ouest de 2 mètres, ce qui est très raisonnable… »« Je dédie ce record à Raymond Rallier du Baty (2), qui a écrit un joli livre ‘Aventures aux Kerguelen’ que j’avais emporté il y a 4 ans » a poursuivi Francis Joyon. « Je pense à lui car je suis au Nord des Kerguelen. Ce garçon était parti avec son frère et un petit équipage de 5 personnes à bord d’un voilier. Ils avaient cartographié les Kerguelen au tout début du 20ème siècle. Il est parti dans l’inconnu, pour l’aventure et il a, grâce à ses relevés, apporté une réelle contribution à la marine.»*Les remontées de fonds à proximité des Kerguelen ont naturellement rendu l’état de la mer plus chaotique. Avec un vent toujours aussi soutenu, 30 noeuds ce matin, c’est un moment plutôt musclé que vient de connaître Francis Joyon. Avec deux ris dans la grand voile et le tourmentin de 45 m2 à l’avant, il n’a pour autant pas levé le pied, plus que jamais concentré à gagner toujours et encore le plus loin dans l’est. « Je suis travers au vent et ça allume pas mal. IDEC lève souvent la coque. Je fais alors un petit choqué « et cela passe sans problème ». Dieu que cela semble simple ! Francis espère conserver ce vent pendant encore 24 heures avant de connaître un petit ralentissement « Il faut que je reste encore 24 heures devant le front. Je dois contourner l’anticyclone par le Sud pour espérer retrouver à nouveau du Nord Ouest. » « je me reposerai dans 24 heures… »Par le travers des Kerguelen, le trimaran IDEC continue ainsi d’arpenter à pas de géant l’Océan Indien. A 1 800 milles de Leeuwin, une nouvelle donne météo se présentera cependant à lui dans les prochaines 24 heures, qui devrait perturber et ralentir sa belle trajectoire, avec des zones moins ventées à négocier. Mais son avance sur le parcours référence d’Ellen MacArthur augmente toujours : elle tutoie cet après-midi les 2 000 milles.(1) Ce « chrono » devra faire l’objet d’une ratification par le World Sailing Speed Record Council. Le précédent record avait été établi le 6 août 2006 par le trimaran de 60 pieds « Brossard » d’Yvan Bourgnon avec une distance de 610,45 milles.
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